Quand le vin devient une passion, on se met à faire des trucs idiots : acheter des bouteilles à des prix délirants, organiser ses vacances en fonction des vignerons du coin… rêver à des mythes en bouteille. Alors lorsqu’avec mes potes de dégustation l’idée de se partager une bouteille de La Tâche du mythique domaine de la Romanée-Conti a germé… j’en étais !

Bon histoire de planter un peu le décor pour ceux qui ne sont pas au jus, le DRC (pour les intimes) c’est en Bourgogne et plus précisément à Vosne-Romanée. C’est un monopole sur un cru légendaire de 1,8050 ha (soit 6 000 bouteilles) : la Romanée-Conti qui produit le vin rouge éponyme ! C’est aussi quelques autres cuvées exceptionnelles (dont la Tâche). Des bouteilles pas évidentes à se procurer, toujours à des prix astronomiques mais reconnues comme étant ce qui se fait de mieux dans le monde en matière de moût de raisin partiellement fermenté.

Bref l’idée était de goûter un mythe… sauf qu’on en goutera deux !

Histoire de ne pas passer à côté et afin d’avoir les lumières d’une personne plus aguerrie que nous, en matière d’étiquettes et de vieux vins, nous avions décidé de convier François Audouze. Je tiens d’ailleurs à le remercier pour nous avoir accompagné dans cette soirée, pour sa générosité et pour les vins qu’il nous a apporté, notamment le Vosne Romanée Les Genévrières 1969 de Charles Noëllat et… cette fameuse seconde Tâche !

Bref je vous passe les détails, mais quelques bouteilles plus tard arrivent en apothéose La Tâche 1991 et La Tâche 1992. Tout le monde le nez dans le verre, ça hume, ça zieute, ça goûte, ça cherche… à ne pas passer à côté. Personnellement j’ai préféré 1992, « petite année » mais plus à point pour être dégustée. 1991 était certes joli mais encore tellement jeune que ça le rendait très « brut ».

Ce que je retiens de cette rencontre avec un mythe ? Une certaine noblesse qui se dégage de ces vins (notamment dans la matière en bouche) et que ce qui me plait le plus dans le vin… c’est les gens et leurs sentiments.

C’est drôle mais cette dégustation avait un air de rendez-vous amoureux : tout le monde était arrivé avec de l’appréhension, de la curiosité et de l’excitation à l’idée de vivre LA rencontre. On a mis les petits plats dans les grands pour vivre le moment pleinement. Finalement avec le recul j’ai le sentiment que ça ressemblait à la réalisation d’un fantasme ou l’adaptation d’un livre en film… mais la réalité n’avait pas la saveur de l’imaginaire.

Alors oui on n’a pas trouvé La Tâche à la hauteur de nos attentes, d’autres vins lui sont passés devant, des vins qui ont su nous surprendre alors que La Tâche non. Mais aurait elle pu étant donné ce que l’on attendait d’elle ? Sur le moment les échanges liés à la déception se sont orientés vers un déficit prix/plaisir. On avait pas le compte. Mais à quoi doit ressembler un vin à 750 euros la bouteille ? Peut-être que nous n’étions pas prêt, peut-être que le DRC est sur-vendu, peut-être que les mythes sont fait pour tomber, qui sait vraiment ?

Cela restera en tout cas comme un beau moment de partage et de communion. Une belle aventure d’un soir. Et pour moi la confirmation que le plaisir n’est pas proportionnel au prix d’une bouteille, heureusement !