En cette pleine période de fêtes, je ne peux m’empêcher de me demander ce matin : mais comment de si bons breuvages peuvent avoir d’aussi fâcheuses manières le lendemain ?
Heureux buveur, la gueule de bois, expression venant de la bouche sèche (déshydratation) ou la veisalgie, pour ceux qui veulent se la péter avec un nom scientifique, reste tapie dans l’ombre à se demander si cette nuit, elle fera de toi un personnage bien pathétique au réveil.
Parce queeee !
Même si les origines de la gueule de bois n’ont pas été complétement élucidées, on tient de bonnes pistes.
Il ne faut tout d’abord pas oublier, aussi étonnant que cela puisse paraître, que l’alcool est mauvais pour notre organisme… ben si !
En tout cas, il le considère comme toxique et va entrer dans un mécanisme, une lutte ou une guerre (selon la quantité consommée) visant à dégrader et à neutraliser tout cet alcool. Le foie, en acteur principal et capitaine des forces anti-toxine, va sortir l’artillerie (enzyme) correspondant au degré du problème. Et bien sûr, plus il y a d’alcool, plus le foie y mettra du cœur et de l’artillerie lourde, plus les conséquences sur l’équilibre du corps et l’état du lendemain seront désastreux.
On peut aussi noter que consommer une grande quantité d’alcool (tout est relatif) en peu de temps, peut entraîner une hypoglycémie et une déshydratation (par l’augmentation de la production d’urine), qui ajoutent quelques arômes supplémentaires à notre gueule de bois.
Enfin, et parce l’alcool n’est pas responsable de tout non plus, entre en jeu tout ce qui n’est pas alcool dans le vin (les congénères). Il y a ainsi des composants biologiques actifs qui contribuent à la vinification, à la saveur, au goût, à l’apparence…
On retiendra ici les deux principaux suspects du mal de crâne :
- le méthanol : il est obtenu par oxydation du bois et présent en très faible quantité
- les sulfites : le souffre sert à plein de choses, il empêche que le vin tourne au vinaigre, il est antiseptique, il arrête la fermentation…
A noter que le souffre est un grand dilemme du vigneron consciencieux. Bien qu’il soit présent de manière naturelle dans le vin, de nombreux vignerons en ajoutent plus ou moins, et parfois plus que moins, par peur que leur vin tourne mal ou trop vite. Ceci arrange évidement notre gueule de bois qui a ainsi toute la puissance pour nous marteler les tempes avec rigueur…
A noter également que la mention « contient des sulfites » est obligatoire, depuis 2005, à partir de 10mg/litre. Sachant que naturellement, le vin en contient plus, certains vins en contiennent 40mg/litre, et d’autre 300… toute une différence, mais mention identique sur la bouteille !
Bref, ça n’est pas le sujet ni le moment, il faudrait un post entier pour cet épineux souci du souffre.
Les conseils qui saoûlent
Bon, pour arrêter tout de suite ceux qui ont une solution miracle, qui ne sont d’ailleurs jamais ceux qui boivent le plus, et bien que vos intentions soient bonnes :
« Bois une cuillère d’huile avant »
Faux : ceci part du principe que l’huile viendrait consciencieusement tapisser les parois de notre estomac. Il n’en est rien. Le fait de se remplir l’estomac, avec de l’huile ou autre chose, retarde simplement le passage de l’alcool dans le sang.
« Evite les mélanges vin rouge et vin blanc »
Faux : c’est la quantité et la nature de l’alcool qui est responsable. La dangerosité des mélanges a bonne presse et viendrait des différentes toxicités en méthanol des alcools, mais il n’en est rien. Les mélanges avec d’autres boissons (énergétiques…) ou produit (médicament, drogue…) peuvent par contre se révéler très dangereux.
« Prends une douche et un café »
Faux : même si c’est aussi la première chose que je fais, la douche réveille (atténue l’effet de somnolence) et la caféine, diurétique, n’arrange rien à notre déshydratation. Après, si vous sucrez, ou salez d’ailleurs, votre café, vous aurez un point positif. Bref, il reste tout de même le meilleur des conseils listés ici.
« Va courir et mange un truc »
Faux : le sport ou se nourrir n’arrange rien. Seul le temps laissé au foie pour finir son combat est utile. A noter qu’en moyenne le foie détruit l’équivalent d’un verre de vin par heure… ah, dure réalité !
« Prends un aspirine avant »
Faux : et peut surtout être dangereux puisque l’aspirine agit et peut détruire l’enzyme que le foie met dans la bataille. L’effet peut-donc être inverse, ça c’est vraiment le conseil de ceux qui militent secrètement pour un monde sans alcool.
Mais alors que faire ?
Il n’y a donc bien évidement aucune solution miracle et la gueule de bois fait partie intégrante de nos histoires, parfois houleuses, avec le vin.
Je peux tout de même donner mes conseils :
- Limiter la consommation : ça, c’est dit !
- Éviter de boire l’estomac vide : ça tombe bien
- Boire beaucoup d’eau, ou jus de fruit, pour compenser la déshydratation
- Boire des vins naturels : boire de bons vins réduit considérablement les conséquences
Ensuite, une fois qu’on est le lendemain et qu’il est trop tard, on peut tout de même se faire un peu de bien :
- En re-buvant, l’ethanol nouvellement ingéré va réduire les effets du méthanol de la veille, et donc la gueule de bois. Après sur le long terme, je suis moins sûr…
- En buvant de l’eau pour contrebalancer la déshydratation. Boire aussi des boissons sucrées contre l’hypoglycémie, en évitant jus d’orange, jus de raisin qui sont trop acides pour l’état de votre estomac. Un café fort, sucré et sans lait peut-être le bien venu aussi.
- En se faisant un petit sauna pour éliminer un peu plus vite les toxines
- En allant chercher des bourraches officinales (fleurs) si vous n’avez pas de sauna !
Voilà, après demain c’est le réveillon du jour de l’an, et l’histoire continue.
Et vous, que faites vous quand la gueule de bois vous tombe dessus ?
Comme quoi on est d’accord :
« En re-buvant, l’ethanol nouvellement ingéré va réduire les effets du méthanol de la veille (…) »
C’est la seule méthode valable 😉