D’où qu’il soit, la vie d’un artisan-vigneron n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Et pour certains c’est même encore plus compliqué que ça ! C’est l’envers du décor que j’ai découvert en allant passer un petit moment avec Frédéric Palacios, vigneron et résistant.

Imaginez une appellation méconnue, des hommes pour la très grande majorité coopérateurs, des terres et des vignes dédiées à cette production de masse et un vignoble qui perd son identité à chaque arrachage de vieilles vignes. Maintenant imaginez un jeune vigneron soucieux de valoriser son terroir, de travailler son domaine à taille humaine, de s’appliquer à cultiver son vignoble dans le respect de la nature et de vinifier ses vins avec passion et intransigeance…

Bienvenue en Côte de Malepère, bienvenue au Mas de mon Père…

En rencontrant Frédéric Palacios vous ne verrez rien de tout cela, vous serez plutôt agréablement accueilli par un sourire jovial, un œil malicieux et un accengue qui trahit à coup sûr l’origine du garçon ! Le domaine se situe à Arzens, un petit village à 15 km à l’ouest de Carcassonne au pied du massif de la Malepère (qui signifie « mauvaise pierre » en occitan). C’est ici que Frédéric a grandi et d’où il a préféré partir, ne croyant pas en ce terroir… mais les chemins même très sinueux, ramènent souvent à ses origines.

Dans la série des parcours sinueux, notre vigneron est pas mal du tout et surtout il revient de loin ! Employé à l’origine dans l’industrie phyto-sanitaire, il a approché réellement le monde du vin du côté d’une coopérative de Saint-Chinian. Il y a rencontré des gens intéressants, s’est essayé au travail du chai et a finalement attrapé le virus. Il a ensuite créé un premier domaine toujours à Saint-Chinian, vinifié ses premiers jus seul et s’est mis à gouter les vins des autres.

Après le virus du vin, celui du vin naturel !

En goutant d’autres vins il cherchait à se situer, mais en goutant certains vignerons il a trouvé bien plus : « je me suis mis à gouter des mecs comme Jean-Baptiste Sénat ou Gilles Azam… et là j’ai pas compris, je me demandais comment ils arrivaient à faire des vins comme ça… parce que moi j’y était pas ! ».

Sa première aventure à Saint-Chinian se termina mais le garçon garda l’envie de faire du vin, mais pas n’importe quel vin forcément ! Son père lui proposa de revenir prendre les vignes familiales à Arzens et de s’installer dans ce mas qu’il avait lui-même construit. En revenant avec un nouveau regard chez lui, le terroir lui donna l’envie de rester et de faire parler cette mauvaise pierre.

Cabernet Sauvignon après la taille

Ainsi naquit le Mas de mon Père

Nous sommes en 2005 et le premier millésime de Frédéric Palacios voit le jour. Comme les débuts sont toujours difficiles il fallut faire les marchés, remettre le vignoble dans le sens du bio, comprendre le terroir et apprendre. Heureusement bien entouré par quelques vignerons Languedociens de haute volée, il réussit à faire ses premiers pas vers une reconnaissance aujourd’hui réelle et méritée.

Côté vigne Frédéric est en bio bien entendu, il travaille ses sols, maitrise ses rendements,… bref tout ce qu’il faut pour obtenir des raisins sains dans un environnement sain (autant dire qu’au milieu de coopérateurs, y en a qui comprennent pas). Il travaille à la fois des cépages océaniques (Cabernets, Merlot et Malbec) et méditerranéens (Grenache, Cinsault et Carignan, ce dernier est situé à Saint-Chinian et provient d’une vieille parcelle de son grand-père qu’il a eu à cœur de conserver).

Côté cave on est dans le même esprit qu’à la vigne : respect des vins, peu d’intervention, peu de manipulation, un travail en délicatesse, sans extraction et un élevage principalement en cuve afin de respecter le fruit au maximum.

Côté vin on trouve sur l’ensemble de la gamme beaucoup d’énergie, les vins sont véritablement vibrants. Les cuvées en cours d’élevage, goutées lors de mon passage, le sont encore plus. Elles passent par des phases extrêmes qui les rendent parfois méconnaissables par rapport à leurs ainées déjà en bouteille. La cuvée Partez pour le rêve et son énorme salinité en est un bon exemple.

Parlons peu, parlons vin…

Le millésime 2011 se présente très bien en quantité et en qualité. A la fois équilibrés et frais, les vins présentent beaucoup de finesse, un bel équilibre entre le fruit et la structure. Les tannins sont déjà extrêmement civilisés. L’ensemble de la cave est d’un très beau niveau, aussi bien pour les cuvées prochainement mises en bouteille, que pour les cuvées aux élevages un peu plus longs.

A surveiller :

– L’Insolite 2011 : pour sa matière première superbe et sa structure sur le fruit.

– C comme ça 2011 : pour la générosité d’un Carignan débordant de fruit

– Partez pour le rêve 2011 : pour un élevage qui semble bien en phase avec le vin.

Déjà disponible sur Amicalement vin et à prix domaine du 5 au 15 février 2012 :

M comme je suis 2010 : pour son caractère poivré/épicé. Existe également en version Magnum

Partez pour le rêve 2008 : un vin généreux et sudiste, déjà bien à l’aise dans sa bouteille

Partez pour le rêve 2007 : une version plus puissante que 2008, à boire ou à attendre

L’insolite 2010 : un Malbec de caractère qui se la joue tout en finesse !

Cause Toujours 2010 : un vin de partage à la fois gourmand et épicé, une belle aventure entre Frédéric Palacios et le journaliste Laurent Bazin

A gauche les grenaches et cinsault de Cause Toujours